Saint-Martial, premier apôtre du Quercy

Une légende raconte qu'un riche magistrat fût converti au christianisme par l'apôtre limousin saint Martial, un des sept évêques envoyés en Gaule vers le milieu du IIIe siècle, pour y prêcher l'évangile. Après avoir « converti » l'Aquitaine, le Rouergue, le Poitou et la Saintonge, il devint évêque de Limoges où il mourut et fût inhumé. Chassé de Cahors où il venait prêcher la foi chrétienne, il se serait réfugié dans une grotte percée au flanc d'un rocher de l'autre côté du Lot. Sur la colline où s'élève l'église actuelle se trouvait une superbe villa gallo-romaine. Tous les matins il quittait sa grotte, traversait la rivière et allait célébrer la messe dans la villa du riche Cadurcien, et finit par le convertir. C'est en souvenir de ce fait que cette maison devint plus tard une église. 

Selon toute autre vraisemblance, il s'agirait d'un ermite - compagnon ou élève ou simplement baptisé par le saint-évêque de Limoges, qui aurait vécu dans cette grotte sur la rive droite du Lot, au lieu-dit « Roc de Saint Marsal » et aurait évangélisé les alentours de sa retraite. A cette époque, les ermites sont des prêtres, donc des hommes relativement instruits. Il aurait eu suffisamment de renommée pour que son souvenir soit vénéré, et le temps passant, l'amalgame aurait été fait entre l'ermite et le saint. La grotte en question fut détruite en 1868 avec une partie du rocher où elle était creusée, afin de laisser le passage à la ligne de chemin de fer Cahors-Libos.

 

La donation de l'archidiacre Benjamin

Plus tard, Pradines subit les invasions des Barbares qui durent comme les villages aux alentours, la mettre à feu et à sang. Elle se releva de ses ruines, et semble avoir été très tôt sous dépendance des évêques de Cahors. 
Le plus ancien document écrit où figure le nom de Pradines, est le testament - daté de 945 - d'un archidiacre de Cahors, puissamment riche, nommé Benjamin, de la famille des seigneurs de Gourdon et de Saint-Cirq-Lapopie. Celui-ci fit donation d'une partie de ses biens (...dont l'église Saint-Martial et celle de Flaynac) et de ses revenus à la cathédrale Saint-Étienne dont il était le plus haut dignitaire.

En vertu de cette donation, le Chapitre devenait ainsi propriétaire de l'église Saint-Martial et de ses revenus divers qui comprenaient la dîme, le cimetière et le baptistère. Mais en retour, il était obligé de lui donner un curé et d'y assurer le service paroissial. C'est ainsi que l'église fût attribuée à l'écolâtre* de la Cathédrale, chanoine chargé de diriger l'école, et qui en fût le premier curé. Et ceci jusqu'au jour de 1288, où l'évêque Raymond de Cornil obtint du Chapitre qu'on la lui cédât, en échange de l'église de Piquecos (rattachée aujourd'hui au diocèse de Montauban), dont les revenus étaient plus importants, et la rattacha à sa mense** à perpétuité.

* Écolâtre : au Moyen Âge, ecclésiastique qui dirigeait une école attachée à l'église cathédrale ou une école rattachée à une abbaye.

**Mense épiscopale : revenus affectés à la table d'un évêque ; revenu ecclésiastique).

 

Pradines, lieu de pèlerinage

Le pèlerinage à Saint-Martial

Pradines fut, aux XIIIe et XIVe siècles, un important lieu de pèlerinage. On venait y prier saint Martial dans cette église, où le saint avait baptisé et célébré le sacrifice de la messe, à l'époque où il aurait évangélisé la région. On exposait des reliques du saint. Les habitants de Cahors se rendaient à Pradines en si grand nombre, qu'on rapporte que « une ordonnance du Sénéchal de l'an 1314, portant que Raymond Béraldi, chevalier, Seigneur de Pradines devait mettre les gardes à l'église de Saint-Martial la veille et le jour de la fête du saint, pour l'assurance du peuple qui accourait de toutes parts ». Cette dévotion avait lieu pendant l'octave de la fête de saint Martial, qui dans le diocèse de Cahors, se célébrait le 3 juillet.

Avec le temps, le culte du saint n'attira plus les chrétiens du secteur et l'affluence des pèlerins cessa. Au XVIe siècle, il n'était plus prié, ni à Pradines, ni dans le reste du diocèse. Cependant, des orages et des grêles, survenaient souvent la veille ou le jour de la fête du saint et détruisaient les récoltes ; on attribua ces désastres à l'oubli de la dévotion.

Ainsi, Siméon Etienne de Popian, évêque de Cahors de 1607 à 1627, décida-t-il un retour à ce culte et prit une ordonnance par laquelle le diocèse devait, la veille des calendes de juillet, célébrer la fête de saint Martial et ce jour serait chômé. Il semble qu'à partir de ce moment « le fléau, authentiquement constaté dans le passé cessa de sévir ».


Le pèlerinage à Notre-Dame du Salve Regina

En plus du pèlerinage à saint Martial, Pradines a eu son pèlerinage à Notre-Dame du Salve Regina qui se célébrait le quatrième dimanche de mai. La statue de la Vierge, en bois de noyer polychrome, se trouvait jusqu'en 1975 dans un petit oratoire situé à côté du presbytère.

On y venait en pèlerinage pour vouer les petits enfants et il paraît que les personnes qui récitaient avec piété le Salve Regina devant la statue, étaient préservées de la morsure des chiens enragés.

Selon l'abbé Viguié, auteur d'une petite monographie, la statue a pu être donnée à la paroisse, soit par des religieux du carmel établis à Englandières près de Cahors au XIIIe siècle, soit par un évêque de Cahors, puisque les évêques avaient fait bâtir un château à Pradines au XIIe siècle. L'origine viendrait du fait que les habitants de Pradines étant pour la plupart des pécheurs, avaient pour chant habituel le Salve Regina qu'ils entonnaient à l'heure du danger, quand la rivière menaçante, pouvait retourner leurs fragiles embarcations. La statue alors vénérée dans le sanctuaire devint tout naturellement la vierge du Salve Regina.