Un pèlerinage en l'honneur de Saint-Martial

Saint Martial est à la fois le patron de Pradines et le titulaire de l'église. Une tradition veut qu'il ait baptisé et célébré une messe à l'emplacement de l'église actuelle lorsqu'il évangélisa la région. La première église aurait d'ailleurs été bâtie sur l'emplacement d'une villa dont le propriétaire aurait été converti par saint Martial. On peut noter que l'église de Pradines est citée dans le testament de l'archidiacre Benjamin.

Plusieurs auteurs attestent que saint Martial fut l'objet d'un important pèlerinage aux XIIIe et XIVe siècles. Ce pèlerinage avait lieu pendant l'octave de la fête du saint (3 juillet) et amenait à Pradines une affluence exceptionnelle. L'historien Guillaume de Lacroix (1575-1614) raconte qu'il y avait «un si grand concours de peuple qu'on veillait toute la nuit et qu'il fallait envoyer des hommes d'armes pour protéger contre les attaques des malfaiteurs les pèlerins accourus de toutes parts ». L'auteur cite à l'appui deux jugements du sénéchal du Quercy et du Périgord rendus en 1312 et 1314.

Au XVIe siècle, on ne sait pourquoi, le pèlerinage était abandonné. Il en résulta, disent les chroniqueurs, de sévères calamités, notamment des orages de grêle dévastateurs la veille ou le jour de la Saint-Martial. Les paroissiens finirent par s'émouvoir et en appelèrent à Mgr de Popian (évêque de 1607 à 1627) qui décida de rétablir le pèlerinage. Et les calamités cessèrent.

Selon la tradition, il y avait autrefois, au lieu dit « Les Espitals », à 300 mètres au sud-ouest de l'église, un établissement construit pour héberger les malades qui venaient en pèlerinage à saint Martial.

Pour la fête votive (premier dimanche de juillet), il y a encore une trentaine d'années, on baisait les reliques aux offices. Si les reliques sont toujours là, la statue du saint a joué de malheur. En 1939, le jour de la fête du Salve Regina, la foudre tomba malencontreusement sur l'église, commotionnant quelques fidèles et détériorant plusieurs statues dont celle de saint Martial qui, assez mal réparée, fut finalement réformée et disparut. Le culte à saint Martial a cessé peu après la disparition de l'abbé Conquet (décédé en 1940).

Parmi les anciennes coutumes, certaines personnes se souviennent qu'on utilisait du vin béni sous l'invocation de saint Martial pour soigner les affections de la peau, comme la « rafo » (croûtes de lait) des enfants.

Dans l'église très bien restaurée, rien ne rappelle la dévotion à saint Martial. Ne serait-il pas souhaitable que quelque image (statue ou vitrail) évoque le fondateur présumé de la paroisse et son ancien pèlerinage ?

D'après : Petits pèlerinages et dévotions populaires, P. Dalon, BSEL, Tome CI, 2ème fascicule, avril-juin 1980